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Voilà, après avoir passé la dernière semaine de travail à observer les prévisions météo toutes les 5 minutes et fait tourner des centaines de fois le logiciel de routage QTVLM, on y est enfin, c’est le départ pour notre première grande navigation ! Avec une petite appréhension comme pour toute première fois, on appareille direction les Scilly d’une seule traite. On a décidé de partir à 5h du matin de Lorient pour passer le rail d’Ouessant de nuit. Tout se passe tranquillement jusqu’aux Glénan, on finit par mettre un peu de moteur après Penmarch pour s’assurer qu’on aura le bon timing pour passer le Raz de Sein. Comme souvent les dauphins nous accompagnent un moment, ils sont assez joueurs et j’arrive à en saisir un au vol !

On coupe le moteur avant Sein, et l’après raz est un peu poussif mais le vent monte progressivement. Après le diner Emeline part se reposer je vais faire le début et le passage près de sein puis j’irai faire une sieste entre les rails.

C’est le bonheur, 15/18 nœuds au près, on file à 7noeuds, un beau coucher de soleil, c’est le bonheur… L’appréhension a complètement disparu je suis aux anges. Le moment est parfait, je souris tout seul, tout niais et tout sonné, un peu fier, contemplatif. Ça se bouscule dans la tête, tout devient plus concret et encore plus intense qu’imaginé !

Une fois le rail intérieur passé je vais réveiller choupinette pour lui passer la barre, et les gros gants en caoutchouc fourrés car il fait un froid de canard dehors. Le bateau est bien calé on est pas mal au chaud à l’intérieur. Emeline me lève un coup pour avoir un conseil, avec le courant le bateau se traîne à un nœud et demi. En abattant ça va mieux, je sombre. Emeline me réveille seulement 4h plus tard, elle a passé le premier rail seule ! Le passage du second rail est un peu plus chaud car les tankers sont plus nombreux. L’AIS nous est d’une grande utilité pour anticiper les croisements. On est habitués à bosser sur des gros bateaux mais cela fait tout drôle de les voir passer au plus près. On passera aussi à côté d’un bateau avec lequel Emeline a travaillé le monde est petit même en mer !

Le vent est tombé un peu au court de la nuit et après une petite sieste matinale pour moi on envoie le spi qui nous permettra de tenir un petit 5 nœuds jusqu’au Scilly malgré un vent léger.

A l’arrivée nous prenons une bouée au port a St mary pour pouvoir profiter d’une bonne douche le lendemain matin. Ronan nous avait prévenu du prix en fonction du type de bouée mais aucune des petites moins chères n’est libre nous prenons donc les plus chères a 25 pounds tant pis. A ce prix l’accueil est très bon, les bouées en parfait état le monsieur qui passe de bateau en bateau est bien équipé et prend le temps de répondre à nos questions et de nous donner des conseils sur les meilleurs mouillages pour les jours suivants avec cette météo. Le ponton flottant pour attacher les annexes est pratique et spacieux, pas besoin de se frayer un chemin entre les annexes pour y accéder.

Après une bonne nuit de repos, nous faisons un petit tour dans les boutiques, quelques courses, et un stock de pièces pour la douche. Cela sera en fait inutile car pour un pound la douche est longue et chaude jusqu’au bout. Il y a beaucoup de monde sur l’île et surtout des retraités, ça doit être la saison, les beaux jours avant les vacances d’été.

Bref avec tout ce monde on a envie de se trouver un coin plus tranquille. On va mouiller a côté de Great Ganilly. Le mouillage a l’air de rêve mais ça roule comme beaucoup de mouillages avec cette météo aux Scilly. On fait avec et on met en place notre super amortisseur de houle fait avec un casier de pèche et un sac Ikea au bout de la bôme ou du tangon. C’est pas magique, ça laisse passer les trains de houle les plus gros mais ça stoppe le roulis assez vite une fois la grosse houle passée et cela empêche une certaine résonance.

Le lendemain après une tentative de départ infructueuse en kite depuis le bateau (ceux qui me connaissent imaginent la situation…) on part pour une tentative tout aussi infructueuse depuis la plage. Et là …. impossible de redémarrer le moteur de l’annexe. Après avoir poussé le bateau le long de l’île pour se positionner à peu près dans l’axe au vent du bateau on se laisse dériver en ramant un peu pour arriver au bateau. A ce moment, les phoques qui nous fuyaient quand on avait le moteur s’intéressent à nous. Emeline les trouve tout de suite moins mignons quand ils sont si près et qu’ils soufflent très fort !

Démontage, remontage, démontage, remontage, achat de bougies, démontage, remontage, démontage, remontage, démontage, remontage… et échec. On passe deux jours a bidouiller le moteur d’annexe. Un peu râleurs et dépités on abandonne. Cela va limiter considérablement nos possibilités de visites des Scilly (pas de visite au

 jardin botanique entre autres) mais de toutes façons la météo se gâte. On se passe une petite soirée dans un pub pour récompenser tous nos efforts et notre temps passé sur ce moteur.

On part plus tôt que prévu pour éviter un coup de vent. En fait la vent ne sera pas de la partie sur le retour. On traverse la manche au moteur. Par contre une fois à Ouessant, on envoie un spi et ça file ! La journée à la barre est longue pour moi car le pilote ne tient pas la route avec le spi dans 15/20 nœuds de vent. On affale au Sud-est de Penmarch, après un très joli bord et un record du bateau à 11,4 nœuds !

On choisit la route au sud des Glénan pour passer loin des zones remplies de bouées de pêche. Cela nous coûtera quelques heures et un coup de moteur pour finir entre Groix et Lorient. On aura été prudent pour ce retour peut-être trop mais pour une première vraie croisière on s’en est très bien sorti.

Nous sommes rassurés par ces premières vraies navigations car on fonctionne bien à deux, on se sent bien en mer et on aime cette sensation de voyager lentement et ce sentiment si gratifiant de le faire par ses propres moyens. Notre envie de partir en sort décuplée !