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L’arrivée à Fernando de Noronha le vendredi 4 Janvier est magique. Nous sommes fatigués mais avant tout heureux, on est de l’autre côté !

Nous profitons de ce paysage exceptionnel, l’île est vraiment différente de toutes les îles précédentes. On aperçoit de loin quelques sommets,  puis en approchant on est surpris par la verdure, l’île est couverte de forêt et de petites cascades qui tombent directement dans la mer.

Nous posons l’ancre dans le seul mouillage de l’île. Mouillage est un bien grand mot, nous avons un peu l’impression d’ancrer en pleine mer. La digue du port est à 800 mètres de nous, le sondeur affiche 20 mètres, et une longue houle d’un mètre déroule puissamment jusqu’à la côte. Fernando est une réserve naturelle, ultra protégée, et si profiter de ce paradis implique un mouillage un peu rouleur, c’est pas bien grave !

Nous rangeons le bateau, tout sent l’humidité, nous n’avons pas pu ouvrir les hublots ces derniers jours. On ouvre tout en grand, pour aérer et on en profite pour gonfler l’annexe. Première mission de l’après-midi, faire les papiers d’entrée du bateau ! Nous parcourons les 800 mètres qui nous séparent de la côte en annexe, on ne le dira pas pour ne pas nous porter la poisse, mais on espère que notre vieux 2 temps ne va pas faire des siennes … Aucun problème, notre petit bijou de mécanique ronronne, la traversée de l’Atlantique lui aura fait du bien !

On pose enfin les pieds sur la terre ferme, dans le tout petit port de l’île protégé par une digue immense. À ce qu’il paraît, quand la grosse houle formée en Atlantique arrive secteur NE, des vagues peuvent passer par dessus la digue… on n’ose pas imaginer l’état du mouillage dans ce cas là. Le responsable de l’administration du port nous accueille chaleureusement, il contacte l’ensemble des administrations (police fédérale, police maritime et douanes) qui viennent chacun à leur tour nous faire remplir l’ensemble des papiers. Tout se passe très rapidement et sans aucune difficulté, c’est un peu trop beau pour être vrai ! (Nous nous rendrons compte bien plus tard qu’il nous manquait la moitié des papiers, et nous passerons 3 jours à Natal dans les différentes administrations pour finir de remplir tout ça…). Nous payons ensuite la taxe de mouillage et de séjour, un peu plus de 100 euros par jour, juste pour poser l’ancre et avoir l’autorisation de débarquer ✌️. Nous étions au courant, l’île est une réserve naturelle, et pour éviter le tourisme de masse, les Brésiliens imposent une taxe de séjour très chère. Ce qui est dommage, c’est que la grande majorité des personnes présentent sur l’île à cette période de l’année sont des millionnaires… Bref, avis au navigateurs lambda, vous n’êtes pas le type de touriste désiré.

Nous décidons de fêter notre arrivée dans un restaurant local, il n’y en a qu’un seul d’ouvert pour le dîner, les autres se trouvent à 3km à pied. Le coup de bambou tombe dès l’entrée, les tables sont occupées par des Brésiliennes gonflées au silicone, cheveux blonds décolorés et sac Channel sur la chaise d’à côté. Nous nous asseyons, commandons une canette de bière chacun et un plat de poisson. On nous apporte l’addition, 77 euros pour 4 bières et 2 plats, heureusement le reste du Brésil sera différent. Le Cap Vert nous avait vraiment mal habitué, on mangeait pour deux, repas et boissons pour moins de 10 euros !

Le lendemain, nous profitons du spectacle des dauphins au réveil. Ils viennent jouer autour du bateau, mais pas question de sauter à l’eau, réserve naturelle oblige, nous ne tenons pas à nous prendre une amende salée !

Il est encore tôt, nous n’avions pas changé l’heure durant notre traversée et nos organismes sont encore à l’heure Cap Verdienne. Nous décidons de partir à pied explorer les plages de l’île, nous n’avons pas encore pu retirer de Reals, l’argent local, donc pas de bus pour nous. La chaleur est terrible, l’humidité vraiment élevée, nous avons hâte d’arriver pour enfiler nos maillots de bain et se rafraîchir enfin dans l’eau turquoise ! Nous traversons la forêt tropicale et débouchons sur une plage magnifique, probablement la plus belle jamais vue ! Nous profitons pleinement de cet endroit toute la journée, et décidons que notre programme du lendemain sera le même. Cette fois-ci nous partons à la découverte d’une autre plage et d’un autre village. Nous rentrons tôt, le départ pour Natal est prévu pour le lundi matin à l’aube.

Pas facile de conclure sur Fernando de Noronha, c’est forcément une escale belle et particulière car on vient de traverser l’Atlantique et l’île est un bijou bien préservé.  Mais le coût de cette escale et l’ambiance jetset nous laissent sur un sentiment mitigé. Naviguer deux jours de plus pour un atterrissage plus en douceur pour le porte monnaie et l’ambiance vraiment brésilienne… pourquoi pas !

On quitte la marina de Mindelo le 25 décembre vers 14h. À l’heure où certains sont encore attablés, la panse déjà bien remplie, nous hissons les voiles et mettons cap au 203°, direction un point précis dans l’Atlantique, le 28°W 10°N. Nous suivons les bons conseils de notre routeur Roro, le but étant de rester le plus longtemps possible dans le vent de NE, qui devrait s’arrêter pour laisser place à la pétole dans 4-5 jours. Les 24 premières heures se passent bien, le bateau avance, la mer relativement plate, Emeline se sent bien et Félix lance ses lignes de pêche dès la sortie de Mindelo. À mi-journée le 26 décembre, Félix réveille Emeline de sa sieste en hurlant, la goupille du vis de mulet est tombée sur le pont, la bôme se désolidarise du mat. Ce n’est pas bon du tout, mais heureusement Félix réagit vite, prend la situation en main. Emeline allume le moteur, enroule le génois, Félix réalise quelques tours autour du mat avec un bout pour garder la bôme au plus près de celui ci. Une fois face au vent, nous n’arrivons pas à garder la GV hissée, elle bat beaucoup trop dans la houle et le vent. Nous affalons, et il faut alors vite caler la bôme. À l’aide de toutes les drisses, de tous les winchs du bateau et de palans, nous parvenons à aligner le vit de mulet et à enfiler la goupille de nouveau. Ouf ! Emeline vomit pour fêter ça, ca sera la seule fois de la traversée, sûrement la bonne dose de stress … 

Rassurez-vous, le reste de la transat fut beaucoup plus tranquille ! Les premiers jours de vent arrière, nous ne voulons pas utiliser le Spi, nous préférons le préserver pour la suite, si le vent vient vraiment à mollir. Nous ferons bien, car lorsque nous l’envoyons le quatrième jour, le nerf de chute du guindant du Spi se déchire. Rien de grave, mais le Spi est bien fragilisé. 

Le plus fatiguant lors de cette traversée fut le changement de la configuration des voiles. Plus on s’approchait de l’équateur, plus le vent tournait, passant du NE au SE voire même SW. Nous avons envoyé et affalé le Spi plusieurs fois par jour, mis la trinquette et GV en ciseaux, GV-Genois, et bien d’autres essais. Nous n’avons pas été bien habitués à de telles conditions avant ça. Jusqu’à présent dans notre voyage, nous naviguions toujours dans 18-22 kts de vent. Les vitesses moyennes fond de Sea You ne descendaient jamais en dessous de 6 kts. La transat c’est une autre paire de manches, la vitesse ça se mérite ! On a appris la patience !

Plus on s’approche de l’équateur, plus la température extérieure monte, plus la température de l’eau monte, 30 degrés partout, l’humidité à 90%. Ça devient assez insupportable à vivre dans le bateau, tout est humide, les draps et les coussins. Emeline découvre alors l’utilité de ces petits ventilateurs que nous avons dans toutes les cabines du bateau. C’est fantastique, ils fonctionnent à merveille et nous permettent de dormir ! De plus, tant que le bateau avance, pas de soucis de consommation électrique, l’alternateur d’arbre nous garde les batteries pleines ! 

Nous avons de la chance et passons entre les gros orages de l’équateur. Nous pensons surtout que la chance s’appelle Roro, notre routeur. Nous passons entre les gouttes en grande partie grâce à lui, tous les matins et tous les soirs nous avons de ces nouvelles et surtout l’évolution des différents fronts qui nous arrivent dessus. À part un gros grain à 35 kts, nous ne verrons la foudre qu’à des dizaines de kilomètres. Nous avons rencontré à l’arrivée d’autres équipages beaucoup moins chanceux que nous, qui sont tombés dans des orages monstres et ont eu jusqu’à 70 kts de vent, pas cool …

Coté cuisine on a frôlé la dépression ! Après 3 jours Félix n’avait toujours rien pêché, et perdu 2 leurres. Autant dire que le chat était sacrément ronchon. Mais juste au bon moment, un matin où on finissait notre petit déjeuner, la ligne se tend, le système de palan avec tendeur marche bien et on aperçoit le fameux saut de la Coryphène. Elle est bien prise et grace au cadeau de noël d’Emeline à Félix on peut peser la prise. 6kg pour 1m10, longue mais bien plus petite que la prise précédente. D’habitude, c’est Emeline qui cuisine le plus, mais lorsque la petite loutre hiberne pour les navigations longues, elle n’est pas vraiment apte a cuisiner. Au contraire, Félix qui fait très rarement à manger au mouillage, se découvre une passion pour la cuisine ! Que voulez vous, la daurade l’inspire ! Et quand un artiste créé impossible de le stopper, c’est l’overdose de daurade !

Nous passons enfin l’équateur le huitième jour, à 22h ! Nous ouvrons une bouteille de cidre pour Neptune, et le vent commence tout doucement à l’établir plus à l’est. Nous nous retrouvons rapidement au près, Sea You avance bien entre les fronts nuageux, mais nous prenons de l’eau sur le pont, il faut fermer les hublots, et il fait sacrément chaud dans le bateau. Nous ne sommes plus habitués à voyager au près, et la gite qui va avec ça ne nous manquait pas ! Nous passons les 2 derniers jours, allongés en travers au pied de la descente pour essayer de capter un maximum de fraîcheur. 

Fernando de Noronha s’approche, nous décidons de pousser le bateau avec le moteur quand nous entrons sous les fronts nuageux et que le vent nous fait défaut. Nous voulons arriver avant la nuit au mouillage, alors on pousse un peu le bateau. Les dernières 24h, le vent reprend, nous ferons 160 miles, et arriverons à Fernando à midi bien avant le coucher du soleil !

On quite la Palmeira sur l’île de Sal le 10 décembre. Moins de 24 heures de navigation en perspective pour rejoindre l’île de Sao Nicolau, Emeline est contente, ça devrait passer vite ! La nuit tombe et la ligne de pêche de Félix s’agite sérieusement. Branle bas le combat sur le pont, vite on attrape le crochet pour poisson et le rhum ! Félix tire, enroule la ligne, déterminé à ramener le poisson près du bateau. Cette fois ci il ne va pas lui échapper comme le Marlin ! C’est une Dorade Coryphène, un monstre d’une quinzaine de kilo. Félix, fier comme un coq, peine à la soulever à deux mains pour prendre la fameuse photo souvenir. La découpe à cheval sur la bête à même le sol va donner au cockpit des allures de boucherie. Le premier soir on la cuisine en mode mahi-mahi à la tahitienne, un vrai régal 😋 !

On arrive au mouillage de Tarrafal au levé du jour. 10 mètres de fond, l’eau claire, et on y retrouve quelques bateaux rencontrés aux Canaries ! On profite d’être à l’ancre pour allumer le BBQ. Félix se cuisine un gros burger de daurade pendant qu’Emeline mange la langouste offerte par un ami du mouillage, c’est repas de fête.

Le lendemain, après une matinée à faire des conserves de daurade et nuggets de daurade, c’est le retour de Guigui et Marco. Une semaine sans se voir, il faut fêter les retrouvailles ! On invite également le voilier Oceascience et on finit la daurade, heureusement, il y en a assez pour huit.

Le vent commence à se lever, mais la météo semble encore bonne, alors on part explorer l’île avec les copains. Le sommet n’est pas très haut mais les chemins à la Cap Verdienne, tracés droit dans la pente, sont assez casse-pattes. Le côté au vent de l’île est magnifique, grandes falaises verdoyantes et petites maisons perchées sur les crêtes.

De retour au bateau, le vent se met à monter, monter sans avoir l’air de vouloir s’arrêter: 35, puis 40, et 50 kts dans les rafales ! Vous imaginez l’état de stress d’Emeline dans ces moments là. Le bateau qui tire des bords mais heureusement ne dérape pas ! On met en place toutes les alarmes de mouillages, mais Sea You reste en place. Les prévisions annonçaient 15-20 kts de NE, le mouillage était abrité dernière les hauts sommets de l’île, nous ne pensions pas prendre 40 kts en continu. Erreur de notre part, les montagnes créent au contraire un effet venturi. Le vent qui passe au dessus des sommets accélère fortement et nous tombe dessus. Pas moyen de partir de là bas, nous ne voulons pas prendre le risque d’aller en mer avec des conditions pareilles. Alors on attend, 3 longs jours coincés sur le bateau. Heureusement, le vent a pensé à nous, et pour nous occuper, une gentille rafale à 40 kts retourne l’annexe accrochée sagement dernière le bateau. Tout est à l’eau, adieu rames, tongs et autres merdouilles ! Le moteur lui aussi a pris son bain. Il faut faire vite: démonter, rincer, pulvériser du WD40 partout avant que le sel ne fasse son travail et que la rouille attaque notre précieux 2 temps. Guillian et Marco viennent nous porter secours, et après quelques heures de bricolage le moteur démarre ! On les récompense du service avec un bon repas et du bon vin de la cave du capitaine.

Ce n’était qu’un échauffement car le lendemain leur moteur passe à l’eau et notre nourrice qui avait pris l’eau pourrit notre moteur. On peut donc se lancer de nouveau dans un concours de démontage nettoyage et remontage de moteur, avant la séance coiffeur pour Marco. Ça y est, Emeline s’est convertie en coiffeuse à domicile, elle va pouvoir nous financer le voyage en travaillant (ou pas …) !

Quand le vent se calme enfin, nous levons l’ancre pour partir en direction de Mindelo sur l’île de Sao Vicente, cette fois aucune pêche, Félix est tout triste. Nous passons dix jours tranquilles à Mindelo. Nous préparons doucement Sea You pour la transat, nous sortons tous les soirs dans les bars et faisons de supers rencontres. Mindelo est LA ville où tous les voileux du coin en départ pour la transat se retrouvent ! Impossible de faire trois pas sur le ponton sans rencontrer quelqu’un et discuter pendant une heure. On échange souvent de bons conseils, on pique nique ensemble, on s’aide pour trouver le fameux magasin chinois qui vend tout et n’importe quoi. La belle vie !

À l’approche de Noël, nous aidons Carmina à démonter leur safran dont la bague s’était sacrément usée et avait provoqué un délaminage du tube de jaumière (🙈). Le 23 décembre, nous prenons un ferry pour aller randonner sur l’île de Sao Antão. Guigui et Geraldina (une argentine rencontrée sur les pontons) nous accompagnent, Marco reste au lit, il a attrapé un virus. La randonnée passe par une jolie caldeira, puis descend dans une vallée jusqu’à la mer. De retour à Mindelo nous préparons le repas de Noël, mais surtout nous essayons tant bien que mal de faire l’approvisionnement du bateau pour la transat. Ce n’est pas une idée de génie de vouloir partir le 25 décembre, car le 24 les rares supérettes de la ville sont prises d’assaut, et on ne trouve presque rien ! Le jour de Noël nous mettons les voiles, direction le Brésil 🇧🇷 !

 

Nous avons mis 5 jours tout pile pour rallier l’île de Sal depuis la Gomera aux Canaries. En ligne directe il y a environ 760 miles nautiques, mais comme vous pouvez le voir sur la carte (ici), nous n’avons pas vraiment suivi la route la plus courte. Malgré cela, sur les 400 derniers miles nautiques, nous avons effectué une moyenne de 7.1 kts, pas mal du tout pour notre bateau !

Roro (notre routeur) nous avait conseillé de rester bien à l’ouest au début. Mais après des heures à rouler dans le vent et la houle venant de l’arrière, on décide d’empanner avec Boutavent. Cet empannage de confort, une dizaine d’heures trop tôt nous coûtera cher car on va passer tout le reste de la traversée à batailler pour éviter le plein vent arrière et les empannages surprises qui vont avec. On essaye toutes les techniques, ciseaux GV-génois, trinquette-génois, GV seule…  » ah non, maintenant ça claque avec le génois, on remet la trinquette ! ». Au bout d’un moment, on finit par laisser le bateau rouler avec GV et trinquette. À l’intérieur de Sea You le temps passe doucement, dodo, lecture, film, manger, dodo, manger etc… Mais on profite aussi de la navigation en convoi pour faire des jeu à la VHF (« h5 ?! Touché coulé ! »). On fête en mer les anniversaires d’Anatole et Emeline en mode quizz musical à la VHF.

Alors qu’on était tous à l’intérieur, Félix passe la tête dehors et voit la ligne tendue comme un … La course commence, avec les gros gants il remonte progressivement la prise, c’est gros ! Un requin ? Un Wahoo ? Non, en fait c’est un marlin d’environ 1,5m ! Une fois la bête au cul du bateau, on en vient au noeud du problème, jeter un thon vivant dans le cockpit ça passe, mais un marlin c’est le carnage assuré ! Après 5 minutes au plus près du bateau, la ligne casse et le marlin repart avec un joli piercing poulpe. La suite de la pêche sur cette traversée ne sera qu’une succession de leurres perdus. On apprendra après qu’il aurait fallu utiliser un bout pour faire un lasso autour de la queue. Félix passe le reste de la navigation à tourner en boucle sur ce marlin perdu et les potes de Carmina qui ont pris une coryphène de 1m33 vont pouvoir le chambrer pendant des semaines !

À une cinquantaine de miles de l’arrivée, un avion de la marine nationale française nous survole à pleine vitesse. Nous discutons avec eux par VHF, ils sont très sympathiques et nous expliquent qu’ils sont là pour assurer la sécurité en mer ! À la demande d’Emeline ils feront même un deuxième passage pour qu’on puisse faire des photos.

Nous arrivons à Sal en début d’après-midi le 27 novembre, le vent souffle fort, 30 noeuds sur l’anémomètre. Nous nous cherchons une place au milieu de tous les voiliers mouillés dans l’anse de la Palmeira, et après 3 tentatives l’ancre est bien prise au fond, ouf, le bateau ne bouge plus. Boutavent pose son ancre non loin de nous, Carmina arrive une paire d’heures plus tard et nous nous retrouvons tous pour fêter l’arrivée autour d’un bon repas. Au menu, la fameuse daurade coryphène de Guillian et Marco.

Depuis quelques semaines déjà, Félix suivait l’évolution des prévisions météo à Sal. L’île est réputée pour ses spots de kite et de surf, et il compte bien en profiter au maximum ! Lorsque le vent se lève, on part avec la famille Boutavent et Damien du voilier Jubilée pour une session kite à kitebeach au sud-est de l’île. Les conditions sont bonnes et le vent juste assez fort pour faire faire un tour de kite aux enfants.

Thibaut, le compère surf de toujours et très bon copain de Félix, vient nous voir pour le super swell annoncé. La semaine sera épique, ils enchaînent les sessions parfaites en tête à tête et ils emmènent Emeline surfer la plus grosse vague de sa vie, boobie high ! (En surf on parle de taille overhead ou double overhead, mais Thibaut propose le boobie high comme nouvelle mesure pour Emeline, c’est plus approprié !).

Lorsque les vagues ne sont pas de la partie, le Palmeira fast food devient notre repère. C’est un bar dans un vieux container où le terme fast est assez subjectif quand les frites coupées à la main mettent des heures à arriver. Bref, on se met à l’heure africaine ! Mais cela nous laisse d’autant plus de temps pour enchaîner les rhums arrangés et bières sous l’œil amusé des locaux plus habitués à voir les touristes rester dans les bars plus normaux au bord du port. On débarque souvent à 10 copains et on sort de là très joyeux !

Puis vient le départ repoussé au maximum de Boutavent pour la transatlantique. On est tout triste de les laisser, mais c’est pour mieux se retrouver dans le pacifique ! Le rendez-vous est pris, ça sera Tahiti en 2020. Eux par Panama, nous par les canaux de Patagonie ! On profite du départ de tout le monde pour bosser un peu sur le bateau, car avec le surf et les soirées on est un peu en retard sur notre « boulot ». Carmina part avant nous de Sal, Anne Lise la copine de Marco doit prendre l’avion à Mindelo. Nous levons l’ancre quelques jours après en direction de Sao Nicolau.

La Gomera est pour nous l’une des plus belles îles des Canaries (même si d’après Félix il manque un bon spot de surf). Le tourisme de masse n’a pas encore atteint cette île faute d’aéroport international, l’ambiance est donc assez différente des îles précédentes et nous convient bien.

La Gomera a un climat particulier, beaucoup plus humide et froid que les autres îles de l’archipel des Canaries. Pour la première fois depuis le début du voyage, nous mettons des pantalons en pleine journée ! L’île est toute verte et abrite une forêt primaire, une rare relique de l’ère tertiaire. La plupart du temps celle-ci est plongée dans la brume et lui donne un air de forêt enchantée. Nous avons eu la chance de pouvoir voir le sommet de l’île dans une éclaircie (seulement deux fois en une semaine !), et nous avons fait quelques jolies randonnées dans le parc national.

Ce climat pour le moins humide est propice aux cultures, nos balades seront ponctuées de cueillettes de fruits de la passion sur l’arbre et dégustés directement pour le goûter. Félix a profité de cette abondance de fruits pour faire des rhums arrangés aux couleurs plus ou moins surprenantes. Le rhum fuchsia est aux fruits du dragon, à l’ananas et à la banane. Le jaune-orangé sera saveur mangue-passion. En principe, une transat devrait suffire à bien les arranger !

Nous avons passé toute la semaine au port lors de la visite des parents d’Emeline, ça ne nous était pas arrivé depuis notre départ de Madère. Quel luxe de pouvoir enfin prendre une bonne douche chaude, et surtout de dormir à bord d’un voilier qui ne roule pas ! À chaque visite de nos proches c’est un peu Noël. On profite souvent de leur venue pour se faire livrer des colis. Félix est tout heureux de récupérer une nouvelle aile de kite ainsi qu’un barbecue pour le bateau dans le but de cuisiner ses futures prises à la pêche.

Sea You en sécurité dans la marina, nous avons loué une voiture pour la semaine, dîné dans deux supers restaurants mettant à l’honneur les produits locaux. L’un d’eux, la Forastera est tenu par des français, et la cuisine y est excellente. Par contre il faut réserver et espérer qu’il ne pleuve pas car il y a seulement une petite terrasse et pas de salle intérieure.

En fin de semaine, on entame la préparation du bateau pour la traversée vers le Cap Vert. Contrôle du gréement, vidange du moteur, remplissage des cuves avec de l’eau et du diesel, mais surtout des grosses courses ! Il est apparemment difficile de s’approvisionner au Cap Vert, on profite d’être encore en Europe pour remplir les fonds de cale du bateau avec l’épicerie de base.

Juste avant de partir, on rencontre sur les pontons Philippe, un jeune voyageur qui cherche un embarquement pour le Cap Vert. Au début du voyage, nous nous étions mis d’accord sur le fait que ne prendrions pas d’équipier de dernière minute pour les traversées. Il faut croire que nous avons changé d’avis. Emeline plus réticente, se laisse convaincre par Félix qui lui explique qu’à trois ça serait plus facile pour prendre des quarts, et que si jamais ça se passe mal avec lui, il ne sera là que 5 jours…

Nous quittons la marina de San Sebastian avec les dauphins pour retrouver Marco et Guillian du voilier Carmina. Nous avions rencontré ces deux copains à Arzal en Juillet quand Sea You était au sec pour se refaire une beauté. Eux préparaient Carmina pour leur tour de l’Atlantique. Nous avons décidé de faire la route pour le Cap Vert à trois voiliers, avec eux ainsi que Boutavent !

Le 31 octobre, nous abandonnons sans grands regrets notre mouillage rouleur au sud de Lobos pour nous diriger vers Gran Canaria. À peine 24h de navigation plus tard et un petit rouget pêché à la traîne (enfin gros pour un rouget, mais on ne savait pas donc on l’a relâché 🤗oups), nous posons l’ancre dans le mouillage de Pasito Blanco. Bonnes nouvelles, cette fois ci le mouillage est calme, en contre bas d’un golf et nous retrouvons la famille Boutavent ! Nous y passons deux nuits, et décidons de poursuivre notre route vers l’Ouest. Nous faisons une très courte halte dans le mouillage de Los Caideros, juste histoire de trouver un endroit où passer la nuit. 

Le sud de l’île de Gran Canaria n’a rien à envier au Sud de Lanzarote. Nous nous rendons compte qu’aux Canaries, le côté sous le vent des îles touristiques est horriblement moche. À première vue il n’y a pas de loi littoral ici, des barres d’immeubles à Gogo, et pire, des bananes tractées par des jets skis qui tournent toute l’après-midi autour du bateau. Pas vraiment notre tasse de thé, nous levons de nouveau l’ancre dans l’espoir de trouver mieux à l’ouest. Nous faisons escale à Puerto Morgan, cet ancien village de pêcheurs est vraiment joli. Nous nous baladons tôt le matin dans ses rues fleuries avant l’arrivée des touristes. Le mouillage lui est un peu rouleur, à force on commence à s’y habituer, et puis on a pas vraiment le choix, tous les ports sont pleins ! Nous terminons notre court séjour à Gran Canaria dans le mouillage de Perchel de Mogan au pied des falaises. Nous faisons de l’apnée l’après-midi au milieu des bancs de sardines, et profitons d’un couché de soleil avant de partir pour Tenerife.

L’arrivée à Tenerife nous réserve une belle surprise, l’oncle d’Emeline vient nous retrouver dans la crique de Las Caviotas dans l’ouest de l’île. Nous ne nous y attendons pas du tout et c’est sacrément sympa de retrouver un visage familier ! On décide de lui épargner la nuit au mouillage (et oui, ici aussi le bateau roule) et faisons route vers la marina de Los Gigantes, qui comme son nom l’indique, se situe près des mythiques falaises de Tenerife.

L’arrivée est sportive, elle vaut bien un paragraphe à elle seule. De la longue houle s’est levée en mer, Félix est aux anges car il peut checker les spots de surfs les uns après les autres à la jumelle. Par contre on déchante vite en arrivant au port. Il faut faire un tout droit vers la falaise dans de la houle qui est à la limite de déferler, surfer avec Sea You au ras de la digue pour virer à 90 dans le sas d’entrée. Ce dernier s’est transformé sous l’effet de la houle en jacuzzi géant. On réussit bien notre entrée mais une fois sorti des remous du sas on a la bonne surprise de voir que les places sont sur pendilles… Les marineros écartent deux bateaux pour nous faire une place au chausse pied. Mais le port est si étroit que nous avons à peine la place de tourner pour nous mettre dans l’axe. Sans propulseur d’étrave c’est un peu la galère, on se coince dans les pendilles des autres mais on fini par y arriver. On est fatigués mais à quai. Et là cerise sur le gâteau, voilà que la déesse des « emmerdes » en bateau frappe de nouveau à notre porte, le chargeur de quai que nous utilisons peu, on avait fait seulement deux semaines au port depuis le départ de Bretagne, grille lorsqu’on le branche au quai. Heureusement (si on peut dire), l’odeur de brûlé nous aide rapidement à trouver la panne. Encore une fois on va dépasser le budget… coup de bol, le tonton d’Emeline a loué une voiture, et le lendemain matin on en profite pour passer chez un shipchandleur de Santa Cruz, qui nous débusque un super chargeur à un prix tout à fait correct !

On se balade l’après midi dans le parc national du Tiede qui est magnifique. Le resto du parc permettra à Félix de goûter la fameuse mousse de Gofio, spécialité canarienne. On ne poussera pas la visite jusqu’au sommet, mais on profitera quand même du décor splendide de la Caleira. Après le départ du tonton, nous partons vers la Gomera, notre dernière escale des Canaries ou nous retrouverons les parents d’Emeline.

36 heures, c’est le temps qu’il nous aura fallu pour rallier l’île de la Graciosa depuis Madère. Nous avons effectué toute la navigation en compagnie du fameux voilier Boutavent, nous sommes décidément devenus inséparables ces dernières semaines ! On se fera tous secouer dans 25 kts de vent et de la houle de travers, Emeline a été encore malade, dur dur la vie de marin …

On arrive à la Graciosa au lever du jour avec l’impression d’atterrir sur Mars. Le mouillage se trouve au pied d’un Volcan, aucun arbre en vue, et le seul village de l’île se trouve à 3 km. On pose l’ancre dans 7m de fond, l’eau est translucide, bleue turquoise, bref un mouillage de rêve. On part pour la plage avec la famille Boutavent, session surf pour Félix, Antoine et les petits loups. Emeline se lance dans la construction d’un château fort en sable avec Joséphine et Camille. La semaine passe rapidement, Félix part surfer très tôt tous les matins sur le spot de El corral au Nord de l’île, et on passe les après-midis dans l’eau ou en balade.

Nous nous rendrons vite compte que les prévisions météo aux Canaries ne sont pas vraiment fiables. Les 10 kts de vent de Sud annoncés un soir, se transforment en 30 kts, créant 1m de clapot dans le mouillage. On passe une très mauvaise nuit, et Félix ne se couchera qu’à 4h du matin lorsque le vent tombe enfin !

Le 25 octobre nous partons à contrecœur vers Lanzarote. Pas le choix, il n’y a pas vraiment de quoi faire les courses sur la Graciosa, et un coup de vent est annoncé pour la fin de la semaine. Les 30 kts de la nuit d’avant nous ont un peu refroidis, autant éviter de renouveler l’expérience. Nous hissons les voiles sous la pluie, qui durera toute la journée. Heureusement, après quelques heures de navigation, Félix pêche un beau thon (ou une bonite) ! Le moral des troupes remonte, la découpe des filets nous occupe pendant un certain temps, et la navigation bien qu’humide passe vite. Le soir, nous posons l’ancre à Rubicon, c’est la déprime, il pleut toujours, et le mouillage est horriblement moche… Le sud de Lanzarote est complètement bétonné, rempli de touristes, pas vraiment le type de lieu que nous recherchons. Nous décidons de louer une voiture pour quelques jours, on pourra explorer l’île et aller faire du kite sur le spot de Famara le week-end !

On aura une super session de kite, du moins pour Emeline, Félix explose son aile dans une vague. Bye bye l’aile « vintage » de 2010, heureusement pour Félix une nouvelle vient bientôt nous rejoindre, elle est au chaud dans les bagages des parents d’Emeline. Le surf ne sera pas aussi bon, on découvre le fameux localisme canarien qui change beaucoup de la super ambiance de la Graciosa. Impossible de se mettre à l’eau sur les jolies vagues « interdites aux touristes »….

Nous profitons de la voiture pour aller faire des courses et remplir les cales du bateau en prévision de la transat, une chose est sûre, nous ne risquons pas d’avoir faim !

L’approvisionnement fait, nous mettons les voiles sur Lobos, petit caillou volcanique situé au Nord-Est de Fuerteventura. L’île est magnifique, une réserve naturelle, et les touristes sont obligés d’en partir à 16h. Nous nous sentons vraiment privilégiés de pouvoir nous balader seuls à la tombée du jour, et de visiter l’île en toute tranquillité. Mais il y a un couac, le mouillage lui n’est pas idyllique. Le bateau roule toute la nuit, nous n’arrivons pas à dormir, et après deux nuits presque sans sommeil, nous décidons de lever l’ancre pour rejoindre Gran Canaria où Camille, Antoine et les 4 minimoys nous attendent !

La tempête Leslie faisant route sur Porto Santo, nous décidons de partir rapidement de notre bouée pour rallier Madère en voilier au plus vite ! Il y a environ 25 miles qui relient les deux îles de l’archipel, la météo n’est pas vraiment avec nous, mais tant pis, une place à l’abri nous attend et il ne faut pas traîner. À contre cœur, après une tentative désespérée avec le spi, nous allumons le moteur, et malgré ça nous mettons quand même 6h pour traverser ! Nous arrivons dans la marina de Quinta do Lorde le 9 octobre vers 17h. Cette marina est située sur l’extrême Sud-Est de Madère, au milieu de nulle part et fait partie d’un complexe hôtelier. C’est assez étrange comme atmosphère, on se croirait presque chez Disney. Tout est aseptisé, neuf et fait très « carton pâte ».

Le lendemain matin, nous prenons le bus pour Funchal, la capitale de l’île. Nous nous baladons dans les rues pavées, mangeons la traditionnelle glace d’arrivée pour Emeline et les pains au chorizo de Madère, Bola do Caco (la spécialité préférée de Félix), nous finissons la journée par une visite du magnifique marché couvert !

Nous décidons de louer une voiture pour le reste de la semaine, cela sera plus pratique pour aller randonner et surfer. Nous ferons la magnifique randonnée des Caldeirao verde et inferno avec Charlotte et Nicolas du petit bateau jaune. Cette randonnée suit une levada, canaux d’irrigation construits au XVIe siècle à flanc de falaise à travers une forêt tropicale. Madère est un contraste total avec Porto Santo sèche et aride, on se croirait dans un décor de Jurassic parc qui nous rappelle un peu Kauaï à Hawaï.

Le vendredi matin, on double les amarres et on ajoute des pare-battages autour de Sea You en vue de la tempête à venir. Leslie s’est transformée en cyclone, il ne faut pas rigoler avec ces phénomènes météo. Le voilier prêt, saucissonné, nous partons vers le sommet de l’île, 1818m, pour une balade depuis l’observatoire. Le paysage change avec l’altitude, après avoir traversé la dernière forêt de pins et de bruyères la route débouche au sommet. La vue est à couper le souffle !

La tempête Leslie passe pendant la nuit, sa trajectoire a changé et s’est déviée bien au nord de l’île. On aura un peu de houle dans le port et 25-30 kts de vent, rien de bien méchant ! Nous décidons donc d’aller admirer la tempête à Jardim do Mar, le célèbre spot de surf de gros. C’est magnifique, on se croirait en Bretagne l’hiver… le froid en moins. Le plan de base était de trouver un spot de repli pour aller surfer mais un rallye auto (oui un rallye en plein cyclone) bloque la route et nous fait perdre 1h30.

C’est pas grave, le lendemain Félix compte bien trouver de bonnes vagues. Après avoir regardé Jardim do Mar et Paul do Mar, Félix se met à l’eau à Ponta Paul. La vague est géniale mais un peu craignosse comme le confirme la description du guide de surf « A rarely surfed wave due to its high danger factor. »

Surfer seul dans ces conditions c’est pas facile. Il aura quand même quelques vagues sous les encouragements de la famille Boutavent. Après un bon déjeuner en face de Jardim nous partons tous passer l’après midi au jardin tropical de Madère.

Le dernier jour sera consacré à l’installation du nouveau contrôleur pour les panneaux solaires que nous avons enfin reçus. À nous l’autonomie énergétique aux Canaries !


Ça y est, les travaux sur le moteur sont finis, nous avons récupéré un tangon entier, on peut enfin lever les voiles et filer sur l’archipel de Madère ! Nous avons une météo de «curé» tout du long, un peu de houle au début, mais un bon 15-20 kts de vent, Sea You file ! On envoie le Spi après 48h de navigation, le vent a baissé et on le gardera pendant les 24 dernières heures.

Après 3 jours de mer, une île de pirates apparaît au loin ! Porto Santo pointe le bout de son nez, ses falaises noires se détachent de l’horizon, Emeline est heureuse, terre enfin en vue !

En arrivant dans le port, coup de bol, une bouée est libre ! Nous sautons sur l’occasion et faisons la connaissance de nos voisins de mouillage. La famille du voilier Boutavent nous accueille, 4 petits loups de mer à bord, une sacrée marmaille qui vient boire l’apéro chez nous le soir.

La grande majorité des bateaux mouillés dans le port de Porto Santo sont des voiliers de voyage. Quel changement par rapport au Portugal ! Nous sommes les seuls sans enfant, et le soir nous retrouvons les familles pour un verre au bar de la marina. Ça nous fait du bien de rencontrer du monde, de partager nos galères de bateau avec d’autres navigateurs. Nous nous rendons vite compte qu’au final, tout le monde a quasiment les mêmes soucis !

Notre semaine sera rythmée par les apéros en compagnie de la famille Boutavent, les baignades à la plage, petites balades d’exploration autour du port et quelques bricolages sur Sea You. Bref, une escale très tranquille pour nous !

La semaine passe vite, nous sommes toujours amarrés à notre bouée, mais les modèles météo prédisent une grosse dépression faisant route sur l’archipel de Madère. Par mesure de précaution, nous décidons de mettre les voiles. Nous avons beaucoup de chance, des amis anglais partent pour les Canaries et nous laissent leur place dans la Marina de Quinta do Lorde à Madère. Boutavent part le même jour que nous, et c’est avec bonheur qu’on se retrouve tous à Madère, nos bateaux à l’abri pour la tempête à venir …

Félix devant repartir en Finlande pour le travail début Septembre, nous avons cherché une solution pour qu’Emeline puisse rester sur le bateau seule. Nous avons pensé à une marina, mais c’était minimum 1500 euros pour un mois au ponton en Algarve. Autant dire que nous nous sommes mis en quête d’une autre solution plus abordable ! Plusieurs amis nous avaient alors conseillé Alvor, le mouillage étant très abrité de la houle car au fond d’une ria, la possibilité de faire ses courses à pied, un super spot de kite et surtout rien à payer ! Le paradis !

Après deux jours de navigation depuis Cascais, nous arrivons au mouillage d’Alvor le 27 Août. Alvor est un petit village de pêcheurs collé à la ville de Portimao en Algarve. En été la ville est très touriste. Les anglais semblent beaucoup apprécier le lieu, si bien que tous les restaurants affichent une carte en anglais, et sans les 35 degrés extérieurs, on pourrait presque se croire chez les britons. 

L’arrivée dans la ria d’Alvor en voilier est plutôt sportive, les bancs de sable bougent vite, et dans les endroits les plus profonds, il n’y a que 2m d’eau au plus bas. Nous sommes rentrés à mi-marée, pour pouvoir voir les bancs de sable émergents et en se disant que si on venait à toucher le fond, on pourrait toujours attendre que la marée remonte pour se sortir de là ! Nous avons suivi à la lettre les indications données par le papa de Momo, surtout de ne pas respecter les bouées qui marquent le chenal et tout s’est bien passé !

Nous mouillons dans 5m d’eau, entre deux bancs de sables éloignés de 60m environ. Le mouillage n’est pas large, mais l’ancre semble tenir à la renverse de la marée, tout va bien. Le lendemain, en fin d’après-midi, le vent se lève, 20 noeuds constants. Nous décidons de prendre l’annexe pour aller faire du kite de l’autre côté de la ria.

Juste avant de quitter le bateau, Emeline a l’impression que le bateau bouge, qu’il est en train de déraper. Je la rassure, ce ne doit être qu’une illusion et nous partons. Quelques minutes plus tard, elle insiste de nouveau « le bateau dérape je te dis ! », assez énervé, je la pose sur la plage et je file en vitesse retrouver Sea You. En montant à bord la situation est plutôt critique, Sea You est appuyé contre le banc de sable, la quille posée au fond. 1.4m au sondeur, ça sent mauvais quand on a 1.7m de tirant d’eau. Notre voisin de mouillage arrive rapidement en voyant la situation, coup de bol, il est pilote pour le port de Rotterdam ! Il m’explique comment nous sortir de cette situation, et après deux tentatives, nous parvenons à dégager Sea You du banc de sable.

Emeline n’était pas rassurée à l’idée de rester seule à l’ancre après cet épisode. En prenant conseil autour de nous, nous posons une deuxième ancre de 35kg derrière la première, et rien n’a plus bougé pendant un mois.

Félix repart début Septembre au travail depuis l’aéroport de Faro, pendant ce temps Emeline a eu la visite de ses copines puis de sa famille. Elle a sillonné l’Algarve, profité des magnifiques plages et fait pas mal bricolage. Pour clôturer notre mois à Alvor, on a fait un saut en parachute au dessus de Ria !