Category

Transat

Category

On quitte la marina de Mindelo le 25 décembre vers 14h. À l’heure où certains sont encore attablés, la panse déjà bien remplie, nous hissons les voiles et mettons cap au 203°, direction un point précis dans l’Atlantique, le 28°W 10°N. Nous suivons les bons conseils de notre routeur Roro, le but étant de rester le plus longtemps possible dans le vent de NE, qui devrait s’arrêter pour laisser place à la pétole dans 4-5 jours. Les 24 premières heures se passent bien, le bateau avance, la mer relativement plate, Emeline se sent bien et Félix lance ses lignes de pêche dès la sortie de Mindelo. À mi-journée le 26 décembre, Félix réveille Emeline de sa sieste en hurlant, la goupille du vis de mulet est tombée sur le pont, la bôme se désolidarise du mat. Ce n’est pas bon du tout, mais heureusement Félix réagit vite, prend la situation en main. Emeline allume le moteur, enroule le génois, Félix réalise quelques tours autour du mat avec un bout pour garder la bôme au plus près de celui ci. Une fois face au vent, nous n’arrivons pas à garder la GV hissée, elle bat beaucoup trop dans la houle et le vent. Nous affalons, et il faut alors vite caler la bôme. À l’aide de toutes les drisses, de tous les winchs du bateau et de palans, nous parvenons à aligner le vit de mulet et à enfiler la goupille de nouveau. Ouf ! Emeline vomit pour fêter ça, ca sera la seule fois de la traversée, sûrement la bonne dose de stress … 

Rassurez-vous, le reste de la transat fut beaucoup plus tranquille ! Les premiers jours de vent arrière, nous ne voulons pas utiliser le Spi, nous préférons le préserver pour la suite, si le vent vient vraiment à mollir. Nous ferons bien, car lorsque nous l’envoyons le quatrième jour, le nerf de chute du guindant du Spi se déchire. Rien de grave, mais le Spi est bien fragilisé. 

Le plus fatiguant lors de cette traversée fut le changement de la configuration des voiles. Plus on s’approchait de l’équateur, plus le vent tournait, passant du NE au SE voire même SW. Nous avons envoyé et affalé le Spi plusieurs fois par jour, mis la trinquette et GV en ciseaux, GV-Genois, et bien d’autres essais. Nous n’avons pas été bien habitués à de telles conditions avant ça. Jusqu’à présent dans notre voyage, nous naviguions toujours dans 18-22 kts de vent. Les vitesses moyennes fond de Sea You ne descendaient jamais en dessous de 6 kts. La transat c’est une autre paire de manches, la vitesse ça se mérite ! On a appris la patience !

Plus on s’approche de l’équateur, plus la température extérieure monte, plus la température de l’eau monte, 30 degrés partout, l’humidité à 90%. Ça devient assez insupportable à vivre dans le bateau, tout est humide, les draps et les coussins. Emeline découvre alors l’utilité de ces petits ventilateurs que nous avons dans toutes les cabines du bateau. C’est fantastique, ils fonctionnent à merveille et nous permettent de dormir ! De plus, tant que le bateau avance, pas de soucis de consommation électrique, l’alternateur d’arbre nous garde les batteries pleines ! 

Nous avons de la chance et passons entre les gros orages de l’équateur. Nous pensons surtout que la chance s’appelle Roro, notre routeur. Nous passons entre les gouttes en grande partie grâce à lui, tous les matins et tous les soirs nous avons de ces nouvelles et surtout l’évolution des différents fronts qui nous arrivent dessus. À part un gros grain à 35 kts, nous ne verrons la foudre qu’à des dizaines de kilomètres. Nous avons rencontré à l’arrivée d’autres équipages beaucoup moins chanceux que nous, qui sont tombés dans des orages monstres et ont eu jusqu’à 70 kts de vent, pas cool …

Coté cuisine on a frôlé la dépression ! Après 3 jours Félix n’avait toujours rien pêché, et perdu 2 leurres. Autant dire que le chat était sacrément ronchon. Mais juste au bon moment, un matin où on finissait notre petit déjeuner, la ligne se tend, le système de palan avec tendeur marche bien et on aperçoit le fameux saut de la Coryphène. Elle est bien prise et grace au cadeau de noël d’Emeline à Félix on peut peser la prise. 6kg pour 1m10, longue mais bien plus petite que la prise précédente. D’habitude, c’est Emeline qui cuisine le plus, mais lorsque la petite loutre hiberne pour les navigations longues, elle n’est pas vraiment apte a cuisiner. Au contraire, Félix qui fait très rarement à manger au mouillage, se découvre une passion pour la cuisine ! Que voulez vous, la daurade l’inspire ! Et quand un artiste créé impossible de le stopper, c’est l’overdose de daurade !

Nous passons enfin l’équateur le huitième jour, à 22h ! Nous ouvrons une bouteille de cidre pour Neptune, et le vent commence tout doucement à l’établir plus à l’est. Nous nous retrouvons rapidement au près, Sea You avance bien entre les fronts nuageux, mais nous prenons de l’eau sur le pont, il faut fermer les hublots, et il fait sacrément chaud dans le bateau. Nous ne sommes plus habitués à voyager au près, et la gite qui va avec ça ne nous manquait pas ! Nous passons les 2 derniers jours, allongés en travers au pied de la descente pour essayer de capter un maximum de fraîcheur. 

Fernando de Noronha s’approche, nous décidons de pousser le bateau avec le moteur quand nous entrons sous les fronts nuageux et que le vent nous fait défaut. Nous voulons arriver avant la nuit au mouillage, alors on pousse un peu le bateau. Les dernières 24h, le vent reprend, nous ferons 160 miles, et arriverons à Fernando à midi bien avant le coucher du soleil !